Revue Marine de l’ACORAM n° 278 – Janvier – Mars 2023
(…) L’Afrique a toujours constitué un véritable « casse-tête » pour les stratèges. Elle fait sans cesse l’objet de débats passionnels au sein des états-majors militaires entre les « soldats d’Afrique » et les « métros », mais aussi dans les couloirs de notre diplomatie, dans les antichambres des « réseaux » des cabinets ministériels et bien entendu dans les coursives de nos armateurs et chargeurs. L’Afrique ne laisse pas indifférent, soit on l’aime à en perdre son âme, soit on la déteste en lui attribuant tous les maux de la terre. Pour les uns c’est l’avenir du monde en termes de potentiel, pour les autres c’est un véritable désastre à venir sur les plans sécuritaire, humanitaire et notamment sanitaire…
Le repli de la France au Mali et son repositionnement actuellement difficile au Sahel ouvre le débat. Les remises en cause de ses opérations militaires et surtout de sa légitimité, même si elles sont soutenues par des manœuvres de déstabilisation et de désinformation notoires, qui ont commencé il y a dix ans avec la crise libyenne, posent quoi que l’on dise la question des perspectives stratégiques de notre présence et des options à travailler pour repositionner nos intérêts, nos logiques de coopération et notre influence à long terme…
Au cours des dernières décennies, nous nous sommes trop laissés enfermer dans des « jeux désertiques », notamment avec les opérations de contreterrorisme sur le Sahel. Peut-être serait-il opportun de reconsidérer notre regard sur ce continent et d’en profiter pour nous reconfigurer vers une stratégie « de la mer vers la terre », comme l’ont adoptée finalement nos plus grands compétiteurs et adversaires pour nous remplacer (…).
